Programme pédagogique ecHo : les recommandations rédigés par les jeunes normands pour lutter contre les inégalités

ecHo est un programme pédagogique d’éducation aux Objectifs de développement durable porté par la Région Normandie et mis en œuvre par l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix en partenariat avec les autorités académiques de Normandie. Depuis septembre et jusqu’à mai, l’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a formé les enseignants, les élèves et s’est déplacée plusieurs fois dans les classes inscrites pour sensibiliser et mobiliser les élèves autour de l’Objectif de développement 10 « Inégalités réduites » étudié cette année.

A travers deux parcours, un parcours projet et un parcours consultation, les élèves et leurs enseignants ont conçu et mis en oeuvre des projets en faveur de l’ODD 10 mais ont aussi rédigé des recommandations pour une éducation de qualité en Normandie.

Le parcours consultation vise à accompagner les élèves dans la rédaction de recommandations destination d’institutions locales et nationales, et en particulier la Région Normandie, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) et le Défenseur des droits. Sur les 33 classes inscrites au programme ecHo, 14 d’entre elles ont participé à la rédaction des recommandations.  

Les élèves facilitateurs se sont retrouvés une première fois lors d’une formation afin d’identifier les thématiques qu’ils souhaitaient mettre en avant pour atteindre l’ODD 10 «  Inégalités réduites  ». Cinq thématiques qui ont été retenues : inégalités culturelles, inégalités environnementales, liberté d’être soi, égalité des chances dans l’éducation et droit à la santé. A partir de ces thématiques, ils ont rédigé leurs recommandations avec leur classe et l’aide de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et se sont retrouvés une seconde fois, cette fois-ci en visio, pour les finaliser. Le 30 mai 2023, deux élèves volontaires sont montés sur scène afin de représenter leurs camarades et de présenter leurs recommandations. Ils sont conviés les 3 et 4 juillet pour présenter les recommandations auprès des institutions partenaires à Paris.  

Inégalités culturelles

Faire intervenir des historiens de la religion, des référents laïcité, afin de sensibiliser les plus petits à la non-discrimination religieuse par des activités, des ateliers. Nous espérons que cette recommandation sera instaurée pour 2024. 

Nous proposons aux établissements de Normandie de mettre en place des ateliers dans les écoles en rapport avec les faits religieux et les discriminations qui peuvent en découler en faisant intervenir des historiens de la religion, des référents laïcité.  Sensibiliser les plus jeunes au fait religieux et au vivre ensemble permettrait de réduire les discriminations religieuses dans les villes, les écoles, les lieux publiques que nous pouvons constater. Beaucoup de personnes ne connaissent pas forcément les autres religions, ce qui peut amener à des aprioris sur les religions, c’est pour cela que les écoles sont laïques pour favoriser le vivre ensemble ; des sensibilisations sur les faits religieux permettraient la compréhension des gens et donc l’arrêt de discriminations basées sur les croyances et de la propagation de préjugés dans les établissements . L’ODD 10 correspond bien à notre projet qui est de réduire les inégalités, c’est ce que nous voulons faire contre les discriminations basées sur les croyances pour vivre en toute laïcité comme le dit la devise française. 

Inégalités environnementales

Pour améliorer les conditions de travail et économiques des jeunes de moins de 26 ans, la Région Normandie pourrait mettre en place des transports gratuits. Ainsi, la mise en place d’une carte étudiante spécifique aux transports leur permettra de faire face à l’augmentation des prix. Les personnes vivant sous le seuil de la pauvreté, soit 430 000 personnes concernées, pourraient-elles aussi en bénéficier par la suite. Cette action devra être mise en place par la Région dans les espaces ruraux et urbains mais aussi avec l’aide de certaines entreprises privées.      

Liberté d’être soi

1. Nous constatons c’est que les jugements et le harcèlement ne sont pas encore assez sévies et que les jeunes qui sont victimes de cela sont encore trop nombreux. Ce qu’ils subissent peut entraîner des répercussions comme de la dépression, des phobies alimentaires ou encore la déscolarisation. Nous souhaitons y remédier grâce à des règles, des sanctions plus dures ainsi que l’accompagnement de psychologues plus présents dans les établissements. 
2. Nous constatons l’étroitesse d’esprit des personnes à propos du racisme, causant un mal être pour d’autres. Les ODD en jeux sont le 3 (bonne santé et bien-être) ainsi que le 10 (inégalités réduites). Les acteurs à cibler sont multiples :  
3. La Région, les établissements scolaires, le Département, … Notre recommandation est de mettre en place des campagnes de préventions. Elles devraient être réalisées pour la prochaine rentrée des classes. Dessus on pourrait y lire des articles de lois condamnant le racisme ainsi qu’y mettre des exemples montrant que le racisme fait du mal aux personnes concernées. 
4. Nous voulons aussi cible cibler les villes, nous souhaitons qu’elles instaurent des interventions pédagogiques et participatives sur le racisme dans les établissements scolaires de Normandie. 
5. Nous avons remarqué que certaines personnes ne se sentent pas bien dans leurs corps et développent parfois des mal-être importants conduisant parfois au suicide. Elles deviennent rapidement les cibles de harcèlement reposant sur leur orientation sexuelle ou leur genre supposé.  
6. Nous souhaitons que la Région Normandie puisse financer et organiser des formations pour les infirmières scolaires. Cette formation aurait pour but de sensibiliser les communautés éducatives sur l’accompagnement des personnes LGBTQIA+. 
7. Nous demandons aux établissements scolaires de mettre plus d’actions de sensibilisations sur l’orientation sexuelle et sur l’égalité entre les genres. Les acteurs qui viendraient faire des sensibilisations seraient : des associations certifiées par l’Education Nationale (par exemple des plannings familiaux). Ces recommandations sont pour janvier 2024. 
8. Nous constatons qu’il est difficile de travailler ou d’aller à l’école quand nous avons nos règles à cause des nombreux symptômes qu’elles engendrent. Nous voudrions instaurer un congé menstruel par la production d’un certificat médical, attestant l’incapacité physique ou émotionnelle, à la présence en classe ou à l’exercice de ses fonctions pour les personnes menstruées.  

Nous demandons donc une démarche de sensibilisation mise en œuvre par la Région Normandie auprès des acteurs économiques et des acteurs de l’éducation (Etablissements scolaires) pour encourager ce congé menstruel au sein des écoles puis des entreprises, à partir de la rentrée 2023.                

Egalité des chances dans l’éducation

Nous constatons que tous les établissements scolaires ne sont pas adaptés pour accueillir des personnes en situation de handicap moteur. Nous souhaitons un meilleur accès à l’éducation pour les élèves en situation de handicap. Pour cela nous aimerions que tous les établissements scolaires soient équipés d’ascenseurs, de rampes ainsi que de passerelles pour permettre à n’importe quel élève d’étudier au sein de l’établissement scolaire de leur choix et qu’il ne soit pas contraint par ses capacités physiques si ses capacités cognitives lui permettent de suivre une scolarité dans un établissement scolaire non-adapté. Il ne doit pas avoir à se préoccuper de l’accès à sa salle de classe. Il faudrait rendre cet accès obligatoire dans les écoles normandes et l’inclure dans l’inspection des écoles comme nouveau critère pour qu’elle soit réglementée et aux normes sous peine d’une amende. Pour appliquer toutes ces solutions nous faisons appel à la région Normandie, aux départements, aux municipalités ainsi qu’aux écoles elles-mêmes (selon leurs moyens) qui financeraient les travaux nécessaires dans les établissements scolaires. Ces agencements devront être mis en place pour la rentrée de l’année 2027. 

Droit à la santé

1. Nous constatons que trop de femmes sont victimes de violences gynécologiques. Les ODD en jeu sont Inégalités réduites, Bonne santé et bien-être et Egalite entre les sexes. Les hôpitaux normands doivent agir dès maintenant pour en parler, condamner les actes et faire de la prévention. 
2. Nous constatons que dans le département de l’Orne, il y a un manque considérable de médecins. En effet, en moyenne 50 médecins pour 100.000 habitants. Nous proposons :  
3. Que la Région ainsi que les collectivités territoriales investissent dans 2 autres Médicobus (cabinet itinérants) possédants tout l’équipement nécessaire pour assurer des consultations de médecine générale et pédiatrique. Ces aménagements couteraient autour de 70.000 € chacun. Ils passeront dans les zones les plus isolées du département de l’Orne et effectueront un trajet hebdomadaire.  
4. Que les médecins spécialistes développent un service de transport (taxi/ambulance) pour les personnes n’ayant pas les moyens de se déplacer. Cela permettrait de réduire les inégalités (ODD 10) face aux enjeux de santé, mais concernerait également les ODD 3 (Bonne santé et bien-être), 8 (Travail décent et croissant économique) et 11 (villes et communautés durables). Ces aménagements devront être mis en place avant juillet 2025. 

Suggestion : Pour augmenter le nombre de médecins dans toute la Région Normandie, il faudrait un plus grand nombre de cabinets répartis de façon équilibrée. Nous pensons donc que la Région Normandie pourrait prêter durant un an le matériel nécessaire à des consultations selon la spécialisation du médecin en question. Ces prêts auront pour objectif de permettre aux jeunes d’économiser afin de financer leur propre matériel par la suite. La Région et ses conseillers devront imposer le lieu du cabinet afin de pallier les déserts médicaux en Normandie. Ces bâtiments seraient des mobil-home ou bungalow coutant chacun entre 5.000 et 20.000 € et devront contenir l’espace suffisant pour accueillir les patients dans le cabinet et une salle d’attente. Une réflexion pourrait être menée aussi sur la mise en place d’un logement à disposition des médecins à titre gratuit ou à loyer modéré pour favoriser leur implémentation dans les déserts médicaux. La mise en place de ces aménagements serait idéale pour septembre 2025. 

1. Nous constatons que beaucoup d’élèves de notre lycée sont issus de catégories sociales défavorisées et n’ont pas la possibilité de faire 3 repas par jour. Ce fait les désavantage dans la réussite de leurs études car il est difficile de se concentrer et d’avoir assez d’énergie quand on mange mal ou insuffisamment. Nous faisons la proposition, pour favoriser l’égalité des chances, de mettre en place des « paniers- petits déjeuners », avec des aliments de petit déjeuner typique (brioches, des fruits, des boissons lactées ou des jus de fruits, etc.). Ces paniers seraient mis à la disposition des élèves boursiers ou qui en feraient la demande (car nous avons remarqué que certaines familles ont juste assez de revenus pour ne pouvoir prétendre aux bourses mais sont néanmoins en grande difficulté). Nous souhaitons aussi présenter ce projet au CVL, afin qu’il complète le volet déjà existant, avec la boutique solidaire, d’accompagnement des élèves en grande précarité. Nous espérons que cette proposition pourra être expérimentée pendant l’année scolaire 2023-2024, pour éventuellement l’élargir à tous les établissements. 
2. Nous constatons que dans les établissements normands il y a un problème de recrutement de personnel médical (infirmier/ psychologue/assistant social), car ils sont trop peu présents dans les lycées. La Région Normandie doit recruter du personnel performant pour pouvoir protéger les jeunes.