17/06/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix recrute des volontaires en missions de service civique afin d’accompagner l’équipe dans la mise en œuvre de ses actions éducatives de sensibil
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
par Juliette FOULON
Etudiante en Master Droit des libertés de l’UFR Droit
de l’Université de Caen Normandie
Affaire : Cass. Civ. 1ère, 21 septembre 2022, 20-18.687
L’épineux sujet de la gestation pour autrui (ci après « GPA ») agite depuis longtemps la jurisprudence française. Cette dernière fait pourtant l’objet, depuis la loi n° 94-653 du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain, d’une stricte prohibition posée par l’article 16-7 du code civil selon lequel « Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle. ». La Cour de cassation se retrouve de plus en plus face à des situations complexes, certains français, désireux d’avoir des enfants, ayant recours à la GPA à l’étranger malgré la prohibition posée. Reconnaitre ces enfants reviendrait à violer l’article 16-7 du code civil, mais une non-reconnaissance les condamnerait à être des enfants évincés de la société. Dès lors, il s’agit pour la jurisprudence française de ménager un équilibre entre l’ordre public et l’intérêt supérieur de l’enfant, notion influant sur la filiation, mais notion indéfinie offrant aux magistrats une certaine liberté d’appréciation (pour exemple, un spécialiste de la convention de La Haye, M. Bill Hilton, souligne que « l’intérêt de l’enfant, c’est un morceau de caoutchouc ; le juge tire dessus pour lui donner la forme qu’il souhaite »).
À la suite d’une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme (ci après « Cour EDH »), la Cour de cassation a atténué cette interdiction et a admis la retranscription des actes de naissance issus d’une GPA à l’étranger (CourEDH, 26 juin 2014, Mennesson c/ France, requête n°65192/11).
Malgré tout, un nouvel obstacle a vu le jour : celui de l’autorité parentale de la mère porteuse, qui peut être un frein à l’adoption par le conjoint du parent biologique. En effet, l’article 378-1 du code civil autorise le retrait de l’autorité parentale par le juge civil pour divers motifs (mauvais traitements, consommation d’alcool ou de stupéfiants, inconduite notoire, comportements délictueux, défaut de soin ou manque de direction), si le parent met manifestement en danger la santé, la sécurité ou la moralité de l’enfant. Dès lors, comment cette condition doit-elle être interprétée ? Est-elle remplie en présence d’un enfant né d’une GPA à l’étranger, élevé en France par son père et son conjoint, dont la mère porteuse, de fait, s’est désintéressé, ne lui apportant aucun soin ni direction ?
Le père biologique de jumeaux, nés en Inde à la suite d’une GPA, se pourvoit en cassation contre l’arrêt de la cour d’appel de Lyon du 9 juin 2020 rejetant sa demande de retrait de l’autorité parentale de la mère biologique sur ses deux enfants, cette dernière ayant, selon une déclaration du 30 juillet 2010 effectuée en Inde, renoncé à tous ses droits parentaux sur les deux enfants. Dès lors, pour le père biologique, ce refus du retrait de l’autorité parentale interdirait aux enfants d’être adoptés par son conjoint, leur interdirait de constituer une vraie famille et constituerait une atteinte à leur vie privée et familiale discriminatoire, puisque fondée sur la naissance, en violation des articles 8 et 14 de la CEDH.
La Cour de cassation écarte les différents griefs tirés de la méconnaissance, non seulement des articles 373-2-6 et 378-1 du code civil, mais aussi des articles 8 et 14 de la CEDH, et confirme le raisonnement de la cour d’appel en tout point, que ce soit sur le volet interne ou européen.
Concernant le droit interne, la cour d’appel rappelle tout d’abord les termes de l’article 378-1, alinéa premier, du code civil et constate « qu’un défaut de soins ou un manque de direction ne peut justifier le retrait de l’autorité parentale que s’il met en danger la sécurité, la santé ou la moralité de l’enfant. », ce danger devant être manifeste et démontré par le requérant. Ensuite, les juges du fond soulignent, à juste titre, que l’ensemble des pièces communiquées démontrait que les enfants « étaient équilibrés, heureux et parfaitement pris en charge. ». Effectivement, la cour d’appel a constaté le défaut de soins en relevant que la mère porteuse était absente de leur vie, mais rien ne démontrait que cette absence était source de danger pour eux, susceptible de justifier, au regard de l’intérêt supérieur des enfants, le retrait de l’autorité parentale de la mère porteuse.
Concernant le grief fondé sur le droit européen, les juges du fond ont légalement justifié leur décision en estimant que l’article 8 de la CEDH, d’une part, n’impose aucune adoption même s’il y a des liens d’affection et, d’autre part, admet que l’adoption des enfants par le conjoint du père demeure ouverte, sous réserve, notamment, que la déclaration du 30 juillet 2010, par laquelle la mère a renoncé à ses droits parentaux, soit déclarée valide et conforme avec l’intérêt de l’enfant. De ce fait, pour la Cour, aucune disproportion de l’atteinte au droit au respect de la vie privée ne peut être caractérisée dès lors que la voie de l’adoption était ouverte au conjoint du père biologique. Enfin, la cour d’appel n’a pas non plus violé l’article 14 de la CEDH, posant une interdiction de toute discrimination, dès lors que les conditions légales du retrait de l’autorité parentale, telles que posées par l’article 378-1 du code civil, s’appliquent indifféremment à tous les enfants, sans distinction aucune fondée sur la naissance.
La décision commentée s’inscrit dans la continuité d’une jurisprudence veillant à un strict contrôle de la GPA (pour exemple, Civ. 1re, 13 septembre 2013, n°12-18.315). De même, elle ne remet pas en cause la loi n° 2021-1017 du 2 août 2021 sur la bioéthique, limitant la transcription d’un acte d’état civil étranger au seul parent biologique, pour les enfants nés de GPA ; le conjoint du parent biologique pouvant quant à lui engager une procédure d’adoption.
Dès lors, cet arrêt peut sans doute témoigner d’une certaine sévérité pour le demandeur, mais il reste conforme à l’article 378-1 du code civil ; en effet, le danger pour l’enfant exigé par ce texte est d’ordre physique, et non juridique : il est bien évident que la mère porteuse, dans une telle situation, ne peut pas s’occuper de l’enfant, mais il n’est pas pour autant en danger.
Ainsi, la juridiction propose une solution au refus du retrait de l’autorité parentale : l’adoption. Solution déjà avancée par la Cour de cassation (Civ. 1re , 5 juillet 2017, n° 16-16.455) et acceptée (Civ, 1re, 4 novembre 2020, n°19-15.739), et qui semble s’inscrire dans la continuité de la loi n° 2022-219 du 21 février 2022 visant à réformer l’adoption. Cette dernière ouvre l’adoption aux couples liés par un pacte civil de solidarité et aux concubins, et valorise l’adoption simple. Une avancée qui est à saluer mais qui posera surement des problèmes concrets, augmentant le nombre de candidats à l’adoption et donc les délais d’attente pour accueillir un enfant.
Alors même que d’autres pays ont légalisé la pratique de la GPA, le principe en France reste, comme vu précédemment, celui de la prohibition. De ce fait, la Cour ne peut donner aucune indication sur une possible reconnaissance généralisée de la GPA réalisée à l’étranger en violation de l’ordre public français, à laquelle une partie des parlementaires reste hostile (pour exemple, la proposition de loi constitutionnelle du 7 juillet 2022, visant à proscrire le recours à la GPA).
Enfin, il apparaît surprenant que la mère porteuse, sans doute contrainte d’accepter la GPA en raison de sa grande précarité, se voit reprocher, par le demandeur, un désintérêt pour ses enfants à l’appui d’une demande de retrait de l’autorité parentale, alors que ce dernier est lui-même à l’origine de ce désintérêt, par la GPA qu’il a sollicitée.
Actualité
17/06/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix recrute des volontaires en missions de service civique afin d’accompagner l’équipe dans la mise en œuvre de ses actions éducatives de sensibil
Retour sur
16/06/2025
Mercredi 3 juin 2025 avait lieu l’évènement de valorisation du programme pédagogique Ecoality, au Café des Images de Caen en présence de 120 élèves normands. Cet évènement a permis la mise en lumière des projets ent
Coup de coeur
30/05/2025
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter. ROMAN – Beyrouth-sur-Seine, un livre de Sabyl Ghoussoub Sabyl Ghoussoub, écrivain
Retour sur
28/05/2025
Dans le cadre de la Fête de l’Europe, organisée par la ville d’Hérouville-Saint-Clair le mercredi 14 mai 2025, l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a proposé un procès simulé au grand public, s
Actualité
14/05/2025
Dans le cadre de la Chaire d’excellence “Mémoire et avenir de la Paix, droit histoire et neurosciences pour une paix durable”, l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, avec le soutien de la Région N
Actualité
07/05/2025
Dans la continuité de son accompagnement pédagogique, l’Institut a pu proposer, pour la Région Normandie qui porte le Prix Liberté, des « événements votes » aux quatre coins de la Normandie, mais aussi en France et
Actualité
05/05/2025
Dans le cadre du projet européen Ecoality, de sensibilisation aux inégalités de genre et aux changements climatiques, le Programme d’éducation et de sensibilisation au développement (DEAR) lance un appel à propositions
Actualité
24/04/2025
Pour contribuer à la communication des projets menés par l’Institut, nous sommes à la recherche d’un·e chargé·e de communication en alternance. Sous la responsabilité du chargé de communication de l’Institut int
Retour sur
07/04/2025
Du 25 février au 25 mars, 15 rencontres départementales ont eu lieu sur l’ensemble du territoire normand dans le cadre du projet Ecoality.
Coup de coeur
28/03/2025
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Retour sur
27/03/2025
Mercredi 26 mars s’est tenue la 14e édition du Concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme de Toamasina à Madagascar.
Actualité
24/03/2025
Le 18 mars 2025, l’Université de Caen Normandie, la Région Normandie et l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, ont annoncé le lancement de la Chaire Normandie pour la Paix, intitulée « Mémoire et
Actualité
20/03/2025
Le Prix Liberté vise à mettre en lumière des combats menés pour défendre des libertés dans le monde. Les jeunes, grâce à leur vote, ont le pouvoir de désigner le ou la lauréate du Prix Liberté 2025 qui se verra récompen
Actualité
07/03/2025
Ce vendredi 7 mars marque le lancement d’une initiative innovante, multilatérale et importante dans la promotion des femmes en tant que forces de paix, dans la prévention des crises et des conflits et les négociations de paix
Actualité
07/03/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, l’association YES-TaFiTa et la Coopération décentralisée des Régions Normandie et Atsinanana organisent le 14e Concours lycéen de plaidoiries pour les droits
Actualité
05/03/2025
Les 23 et 30 avril 2025, l’Institut accueille la Consultation sur les droits de l’enfant dans ses locaux d’Hérouville-Saint-Clair. Une vingtaine de jeunes pourront échanger autour de la thématique du droit des
Coup de coeur
28/02/2025
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
25/02/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
25/02/2025
Le programme pédagogique Ecoality est un projet européen visant à sensibiliser les jeunes normands à l’intersectionnalité des genres et aux changements climatiques. Structuré en trois grandes étapes, ce programme perme
Actualité
21/02/2025
Du 10 au 14 février 2025, le jury international s’est réuni au Dôme et à l’Université de Caen Normandie pour étudier les 601 propositions candidates au Prix Liberté et retenir trois personnes et organisations engagé
Point de vue
12/02/2025
Dans le cadre de la semaine de jury international du Prix Liberté, Fiona Schnell, directrice générale de l’Institut, a donné un cours de droit international aux 23 jeunes réunis. Une prise de parole neutre et ouverte ayant p
Actualité
12/02/2025
Du 10 au 14 février 2025, 23 jeunes âgés de 15 à 25 ans et venus du monde entier sont réunis à Caen pour étudier collectivement l’ensemble des propositions de personnes ou d’organisations, menant un combat en faveur de l
Actualité
07/02/2025
A l’occasion de leur dernier rassemblement, les 18 et 19 janvier derniers, les jeunes du Conseil Régional des Jeunes ont pu découvrir une session de sensibilisation au programme Ecoality
Retour sur
06/02/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix s’est associé à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et le Centre LGBTI de Normandie sur la demande de la Protection Judici
Actualité
05/02/2025
Parmi les temps forts du Prix Liberté 2025, le jury international de jeunes âgés de 15 à 25 ans se réunira à Caen, en Normandie, du 10 au 14 février.
Coup de coeur
27/12/2024
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
23/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
18/12/2024
Le concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme est un projet pédagogique qui permet à des jeunes de mettre en lumière et de dénoncer des cas précis de violations des droits de l’Homme à travers le monde.
Retour sur
18/12/2024
Du 12 au 14 décembre 2024, Bejaia, en Kabylie, a accueilli la seconde édition du Concours international de plaidoirie, un événement organisé et présidé par le Bâtonnier de l’Ordre régional des avocats de Bejaia, Dr
Actualité
16/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix forme les professionnels aux droits de l’Homme et aux Objectifs de développement durable pour créer des multiplicateurs, capables à leur tour de sensibiliser et
Point de vue
13/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Point de vue
11/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Cons. cont., n° 2024-1114 QPC du 29 nov. 2024, Sulliv
Point de vue
04/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Cour de cassation, Chambre criminelle, 26 novembre 202
Point de vue
03/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Conseil constitutionnel, n° 2024-1113 QPC du 22 novemb
Coup de coeur
02/12/2024
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné pour vous des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
02/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Conseil d’État, 8 novembre 2024, 487687, publié aux
Retour sur
27/11/2024
Mercredi 20 novembre, l’UFR Sciences et Techniques de l’Université de Rouen, à Saint-Etienne-du-Rouvray, accueillait les septièmes Assises de l’éducation. L’Institut y était invité pour présenter certains de ses proj
Point de vue
22/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Retour sur
21/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix co-anime depuis 2022 le Conseil Régional des Jeunes de Normandie aux côtés de la Région Normandie. Dans le cadre d’un weekend de rassemblement à Carolles, ses
Point de vue
21/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Point de vue
20/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
20/11/2024
Chaque année, le Défenseur des droits organise son événement de présentation et de valorisation du rapport annuel du Défenseur des droits consacré aux droits de l’enfant basé sur la consultation des enfants. Cette année
Actualité
19/11/2024
La 7ème édition du Prix Liberté est lancée, et l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix propose aux enseignants inscrits au programme pédagogique, trois niveaux distincts d’accompagnement pour mettre