05/05/2025
Dans le cadre du projet européen Ecoality, de sensibilisation aux inégalités de genre et aux changements climatiques, le Programme d’éducation et de sensibilisation au développement (DEAR) lance un appel à propositions
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
par Léa FRANCOIS
Etudiante en Master Droit des libertés de l’UFR Droit
de l’Université de Caen Normandie
Affaire : Cour EDH, 9 décembre 2021, Jarrand c. France, 56138/16
L’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme (ci-après CEDH) protége l’individu contre une privation de liberté arbitraire ou injustifiée. Il prévoit, dans son premier paragraphe, que « Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté » et que nul ne peut en être privé, sauf dans les cas prévus par l’article lui-même et « selon les voies légales ». Le cinquième paragraphe de ce même article prévoit un droit à réparation qui suppose qu’une violation de l’un des autres paragraphes de l’article ait été établie par une autorité nationale ou par la Cour.
L’article 8 de la CEDH a pour objectif premier de prémunir l’individu contre des ingérences arbitraires d’une autorité publique dans l’exercice par lui de son droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance.
C’est au regard de ces textes que la Cour EDH a été amenée à se prononcer dans l’affaire Jarrand c. France.
Dans le cadre d’une enquête de flagrance ouverte pour mauvais traitement à personne âgée vulnérable, une opération de police « musclée » a eu lieu au domicile de M. Jarrand, le fils de la prétendue victime, soupçonné des faits. Alors que ce dernier était inconnu des services de police, une vingtaine de policiers furent envoyés sur les lieux, portant gilets pare-balles, casques, boucliers et armes. Ils s’introduisirent au domicile de M. Jarrand en défonçant la porte avec un bélier et en brisant une vitre. M. Jarrand fut interpellé, fouillé, menotté et conduit au commissariat. D’après le Gouvernement, il y fut retenu deux heures et cinquante-cinq minutes, dont une heure où il fut entendu par un officier de police judiciaire. Des certificats médicaux établis ensuite constatèrent un état dépressif de M. Jarrand, un hématome et un œdème circulaire des deux poignets. Il déposa une plainte pour violences et dégradations, classée sans suite, puis une plainte avec constitution de partie devant un juge d’instruction qui fit l’objet d’un non-lieu confirmé en appel, et son pourvoi en cassation fut rejeté.
Ayant invoqué en vain devant les juridictions internes la violation des articles 5 § 1 et § 5, et 8 de la CEDH, M. Jarrand a saisi la Cour EDH.
Le Gouvernement soutenait l’irrecevabilité de la requête concernant l’article 5§5 pour défaut d’épuisement des voies de recours internes, le requérant n’ayant pas « saisi les juridictions internes sur le fondement de l’article L. 141-1 du COJ » (§40). Il est vrai que dans l’affaire Benmouna et autres c. France, la Cour a jugé que « l’action en réparation prévue par l’article L. 141-1 du COJ était (…) une voie de recours interne à épuiser (…) » (§49) ; cependant, il s’agit d’une décision isolée, ce pourquoi la Cour EDH estime ici que le requérant a fait « un usage normal des recours vraisemblablement effectifs, suffisants et accessibles » (§43), comme le prévoit l’article 35 §1 de la CEDH, déclarant par ce biais la requête recevable.
Sur la violation de l’article 5 §1, la Cour EDH rappelle que l’on ne peut être privé de liberté que dans les cas énumérés par cette disposition et « selon les voies légales ». Le requérant, après avoir été conduit sous la contrainte au commissariat, a été privé de liberté sans bénéficier du régime de la garde à vue. Le Gouvernement lui-même « considère que la privation de liberté du requérant consécutive à son interpellation n’a pas été faite dans le respect des formes légales » (§56). Une personne interpellée en enquête de flagrance et conduite sous la contrainte au poste doit être auditionnée dans le cadre d’une garde à vue et de l’article 63 du code de procédure pénale, et non de l’article 62 utilisé en l’espèce (dans leur version en vigueur au 12 juillet 2010). Ce non-placement en garde à vue du requérant conduit alors la Cour EDH à conclure a une violation de l’article 5§1.
La Cour EDH conclut ensuite à la non violation de l’article 8. Si l’intervention des policiers constitue une ingérence dans l’exercice des droits garantis par cet article, cette dernière est justifiée. Les policiers sont intervenus sur la base du régime de l’enquête de flagrance, pour mettre fin à la situation dangereuse dans laquelle se trouvait la mère du requérant et de l’interpeller pour l’entendre sur les faits : l’ingérence est donc prévue par la loi, poursuit un but légitime et est nécessaire dans une société démocratique.
Enfin, la Cour EDH conclut à une violation de l’article 5§5. Elle considère que M. Jarrand n’a pas eu accès à un recours en réparation adéquat, les juridictions internes ne s’étant pas prononcées sur le respect de l’article 5§1 alors même que le requérant l’avait inclus dans ses pourvois.
Sur la violation de l’article 5§ 1, le droit français avait anticipé cette condamnation et modifié la législation en vigueur en amont. La décision n°2010-14/22 QPC du 30 juillet 2010 du Conseil constitutionnel a été rendue peu de temps après les faits de l’affaire, déclarant les articles anciens 62, 63, 63-1, 63-4 alinéas 1 à 6 et 77 du code de procédure pénale contraires à la Constitution. Suite à cela, la loi n° 2011-392 du 14 avril 2011 a modifié le code de procédure pénale, et le Conseil constitutionnel a déclaré la nouvelle rédaction de l’article 62 conforme à la Constitution (déc. n°2011-191/194/195/196/197 QPC, 18 nov. 2011), précisant qu’on ne peut entendre une personne qui a possiblement commis ou tenté de commettre une infraction en dehors du régime de la garde à vue que si cette personne se soumet à une audition sans contrainte.
Si le droit français avait anticipé cette condamnation, l’affaire Ursulet c. France laissait pourtant planer un doute. La Cour EDH avait conclu à la non violation de l’article 5 §1 alors qu’un homme avait été arrêté, emmené au poste, menotté puis interrogé, la rétention de ce dernier ayant duré une heure et vingt-cinq minutes. Cette privation de liberté s’était déroulée « selon les voies légales », sur le fondement de l’article 62 du code de procédure pénale, dans sa version applicable du 10 mars 2004 au 1er juin 2011. Les faits, similaires à ceux de notre affaire, n’ont cependant pas suffi pour que la Cour EDH rende le même verdict, cette dernière estimant qu’à l’époque des faits et suite aux divers décisions du Conseil constitutionnel, il existait « une exigence de niveau constitutionnel » selon laquelle le requérant aurait dû « pouvoir bénéficier des garanties particulières liées au placement en garde à vue » (§66), ce qui n’a pas été le cas.
Enfin, pour prononcer une violation de l’article 5§5, « il doit être établi que le constat de violation d’un des autres paragraphes de l’article 5 ne pouvait, avant l’arrêt concerné de la Cour, ni ne peut, après cet arrêt, donner lieu à une demande d’indemnité devant les juridictions nationales » (§93). En l’espèce, le requérant aurait pu faire ladite demande par le biais de l’article L. 141-1 du COJ, rendant alors la requête irrecevable sur ce point. Cependant, la Cour EDH n’est pas de cet avis, faisant alors évoluer sa jurisprudence sur ce point en précisant que les juridictions saisies par le requérant ont omis d’examiner la question de la conformité de sa détention à l’article 5§1 de la CEDH, entraînant alors une violation de l’article 5§5, « sans qu’il soit besoin de trancher la question de savoir si l’article L. 141-1 du COJ aurait permis de respecter les exigences de cette disposition » (§97). Si la Cour EDH permet au requérant d’obtenir une réparation au titre de l’article 5§5 de la CEDH, cette dernière reste tout de même insuffisante (3000 euros), comme le relève la juge Mourou-Vikström dans son opinion en partie dissidente.
Actualité
05/05/2025
Dans le cadre du projet européen Ecoality, de sensibilisation aux inégalités de genre et aux changements climatiques, le Programme d’éducation et de sensibilisation au développement (DEAR) lance un appel à propositions
Actualité
24/04/2025
Pour contribuer à la communication des projets menés par l’Institut, nous sommes à la recherche d’un·e chargé·e de communication en alternance. Sous la responsabilité du chargé de communication de l’Institut int
Retour sur
07/04/2025
Du 25 février au 25 mars, 15 rencontres départementales ont eu lieu sur l’ensemble du territoire normand dans le cadre du projet Ecoality.
Coup de coeur
28/03/2025
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Retour sur
27/03/2025
Mercredi 26 mars s’est tenue la 14e édition du Concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme de Toamasina à Madagascar.
Actualité
24/03/2025
Le 18 mars 2025, l’Université de Caen Normandie, la Région Normandie et l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, ont annoncé le lancement de la Chaire Normandie pour la Paix, intitulée « Mémoire et
Actualité
20/03/2025
Le Prix Liberté vise à mettre en lumière des combats menés pour défendre des libertés dans le monde. Les jeunes, grâce à leur vote, ont le pouvoir de désigner le ou la lauréate du Prix Liberté 2025 qui se verra récompen
Actualité
07/03/2025
Ce vendredi 7 mars marque le lancement d’une initiative innovante, multilatérale et importante dans la promotion des femmes en tant que forces de paix, dans la prévention des crises et des conflits et les négociations de paix
Actualité
07/03/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, l’association YES-TaFiTa et la Coopération décentralisée des Régions Normandie et Atsinanana organisent le 14e Concours lycéen de plaidoiries pour les droits
Actualité
05/03/2025
Les 23 et 30 avril 2025, l’Institut accueille la Consultation sur les droits de l’enfant dans ses locaux d’Hérouville-Saint-Clair. Une vingtaine de jeunes pourront échanger autour de la thématique du droit des
Coup de coeur
28/02/2025
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
25/02/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
25/02/2025
Le programme pédagogique Ecoality est un projet européen visant à sensibiliser les jeunes normands à l’intersectionnalité des genres et aux changements climatiques. Structuré en trois grandes étapes, ce programme perme
Actualité
21/02/2025
Du 10 au 14 février 2025, le jury international s’est réuni au Dôme et à l’Université de Caen Normandie pour étudier les 601 propositions candidates au Prix Liberté et retenir trois personnes et organisations engagé
Point de vue
12/02/2025
Dans le cadre de la semaine de jury international du Prix Liberté, Fiona Schnell, directrice générale de l’Institut, a donné un cours de droit international aux 23 jeunes réunis. Une prise de parole neutre et ouverte ayant p
Actualité
12/02/2025
Du 10 au 14 février 2025, 23 jeunes âgés de 15 à 25 ans et venus du monde entier sont réunis à Caen pour étudier collectivement l’ensemble des propositions de personnes ou d’organisations, menant un combat en faveur de l
Actualité
07/02/2025
A l’occasion de leur dernier rassemblement, les 18 et 19 janvier derniers, les jeunes du Conseil Régional des Jeunes ont pu découvrir une session de sensibilisation au programme Ecoality
Retour sur
06/02/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix s’est associé à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et le Centre LGBTI de Normandie sur la demande de la Protection Judici
Actualité
05/02/2025
Parmi les temps forts du Prix Liberté 2025, le jury international de jeunes âgés de 15 à 25 ans se réunira à Caen, en Normandie, du 10 au 14 février.
Coup de coeur
27/12/2024
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
23/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
18/12/2024
Le concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme est un projet pédagogique qui permet à des jeunes de mettre en lumière et de dénoncer des cas précis de violations des droits de l’Homme à travers le monde.
Retour sur
18/12/2024
Du 12 au 14 décembre 2024, Bejaia, en Kabylie, a accueilli la seconde édition du Concours international de plaidoirie, un événement organisé et présidé par le Bâtonnier de l’Ordre régional des avocats de Bejaia, Dr
Actualité
16/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix forme les professionnels aux droits de l’Homme et aux Objectifs de développement durable pour créer des multiplicateurs, capables à leur tour de sensibiliser et
Point de vue
13/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Point de vue
11/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Cons. cont., n° 2024-1114 QPC du 29 nov. 2024, Sulliv
Point de vue
04/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Cour de cassation, Chambre criminelle, 26 novembre 202
Point de vue
03/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Conseil constitutionnel, n° 2024-1113 QPC du 22 novemb
Coup de coeur
02/12/2024
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné pour vous des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
02/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Conseil d’État, 8 novembre 2024, 487687, publié aux
Retour sur
27/11/2024
Mercredi 20 novembre, l’UFR Sciences et Techniques de l’Université de Rouen, à Saint-Etienne-du-Rouvray, accueillait les septièmes Assises de l’éducation. L’Institut y était invité pour présenter certains de ses proj
Point de vue
22/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Retour sur
21/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix co-anime depuis 2022 le Conseil Régional des Jeunes de Normandie aux côtés de la Région Normandie. Dans le cadre d’un weekend de rassemblement à Carolles, ses
Point de vue
21/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Point de vue
20/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
20/11/2024
Chaque année, le Défenseur des droits organise son événement de présentation et de valorisation du rapport annuel du Défenseur des droits consacré aux droits de l’enfant basé sur la consultation des enfants. Cette année
Actualité
19/11/2024
La 7ème édition du Prix Liberté est lancée, et l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix propose aux enseignants inscrits au programme pédagogique, trois niveaux distincts d’accompagnement pour mettre
Actualité
24/03/2025
On March 18, 2025, the University of Caen Normandy, the Normandy Region and the International Institute for Human Rights and Peace announced the launch of the Normandy for Peace Chair, entitled “Memory and Future of Peace: law, h