07/05/2025
Dans la continuité de son accompagnement pédagogique, l’Institut a pu proposer, pour la Région Normandie qui porte le Prix Liberté, des « événements votes » aux quatre coins de la Normandie, mais aussi en France et
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
par Héloïse SCHREINER
Etudiante en Master 2 Droit des libertés
à l’Université de Caen Normandie
Affaire : CE, 29 novembre 2022, Conseil national des Barreaux et autres, 464593
« L’objectif est simple et clair : faire rentrer la justice dans le salon des Français », tel est le dessein du garde des sceaux Éric Dupont Moretti lors de la rédaction de la loi du 22 décembre 2021. Cette loi revient sur un principe ancien d’interdiction d’enregistrement des procès fixés par la loi n°54-1218 du 06 décembre 1954. En effet, en 1954, décision est prise de mettre fin aux dérives des journalistes pendant les audiences. Pour autant, la défiance du public vis-à-vis de la justice et le développement des nouvelles technologies entrainent un retour en arrière. Depuis 1985, l’article L. 221- du Code du patrimoine admet des exceptions pour les procès faisant l’objet d’un archivage historique (procès Barbie de 1987). La loi Perben II du 09 mars 2004 modifie l’article 308 du Code de Procédure Pénale. Elle y intègre un enregistrement possible en cour d’assises. Celui-ci pourra être utilisé en appel, en cas de révision ou de réexamen de l’affaire. Le rapport Linder de 2005, demandé par le Garde des sceaux, se montre favorable à une levée de l’interdiction sur autorisation. Enfin, la loi n°2014-640 du 20 juin 2014 instaure l’enregistrement pour tous les procès en assises.
Selon Claire Secail, historienne des médias et chercheuse au Centre Nationale de la Recherche Scientifique, il existe aujourd’hui un contexte de défaillance généralisé à l’égard des institutions. Avec le rapport Guinchard de 2008, le Gouvernement montre son « ambition raisonnée d’une justice apaisée ». Le mouvement de remise en cause de l’interdiction de 1954 semble acté.
Votée en procédure accélérée, la loi du 22 décembre 2021 remanie le régime d’enregistrement et de diffusion des audiences de la loi de 1881 sur la presse. Le nouvel article 38 quater de cette loi permet pour certains motifs d’intérêt général un enregistrement des audiences sur autorisation du chef de la juridiction, après avis du Garde des sceaux. Cet enregistrement se fera avec le consentement des parties uniquement en audience non publique ou en présence d’une personne vulnérable à l’audience. La diffusion des images et de l’identification des parties, se fera uniquement avec leur consentement, après jugement définitif. Celui-ci pourra être retiré dans un délai de 15 jours à compter de la fin de l’audience. L’identification des mineurs et majeurs protégés ne sera jamais possible. En outre, la loi permet l’enregistrement de certains actes d’enquêtes, par dérogation au principe du secret de l’enquête et de l’instruction.
C’est dans ce cadre que le Conseil national des barreaux et le Syndicat des avocats de France demandent au Conseil d’État de renvoyer une question prioritaire de constitutionnalité.
Les griefs soulevés sont nombreux. Les requérants relèvent que la loi du 22 décembre 2021 est imprécise en ce que les motifs d’enregistrement et de diffusion prévus sont trop larges. Ils déplorent également l’absence d’avis, voire d’accord, des magistrats et avocats pour cet enregistrement, que l’audience soit publique ou non. Les garanties prévues par le législateur sont lacunaires pour préserver la confidentialité des échanges entre un avocat et son client ainsi que pour protéger les témoins à l’audience. De plus, le délai de rétractation du consentement est insuffisant. La protection des mineurs et majeurs protégés est inadaptée à leur vulnérabilité. L’enregistrement des actes d’enquête et d’instruction manque de clarté, d’autant plus que c’est une dérogation au secret. Une telle médiatisation porterait atteinte à des principes constitutionnellement garantis : la présomption d’innocence (CC DC Sécurité liberté 1981), les droits de la défense (CC DC Loi sur la prévention des accidents de travail 1976), le droit au procès équitable (CC DC Loi relative au droit d’auteur 2006), la vie privée (CC DC Loi d’orientation et de programmation relative à la sécurité 1995) ou encore l’indépendance des juges (article 64 de la Constitution).
Cependant, pour le Conseil d’État, il n’existe pas de motif sérieux lui permettant de transmettre la question au Conseil Constitutionnel. Il estime les garanties prévues par le législateur suffisantes : existence d’un motif d’intérêt public, consentement des parties à l’enregistrement en audience non publique et pour des personnes vulnérables, diffusion après jugement définitif, identification sur les images après consentement et impossible pour les personnes vulnérables, possible retrait du consentement, arrêt de l’enregistrement par le magistrat chargé de la police de l’audience, sanction en cas de non respect des droits fondamentaux de la procédure pénale. Pour ce qui est de l’enregistrement et de la diffusion des actes d’enquête et d’instruction, les garanties sont suffisantes en ce qu’il est subordonné à l’accord des parties et réalisé sous le contrôle du juge d’instruction.
Par cet arrêt, le Conseil d’État confirme sa première prise de position sur la loi (CE avis 08 avril 2021). On peut d’ailleurs imaginer que le Conseil Constitutionnel aurait rejeté cette question car dans une décision n°2004-492 du 02 mars 2004 il estimait que la publicité des débats permettait que la justice soit bien rendue. De plus, dans une saisine a priori il a rendu un avis favorable sur la loi (CC DC n°2021-830, 17 décembre 2021, Loi pour la confiance dans l’institution judiciaire). Le Conseil d’État ne vient en ce sens qu’éviter une saisine qui n’aboutirait pas devant le Conseil constitutionnel.
Force est de constater que le caractère non sérieux opposé aux arguments développés par les requérants demeure discutable. Certes, il existe des garanties mais elles semblent bien maigres face au risque de surmédiatisation de certains procès. Il est vrai que l’identification des parties ne se fera qu’avec leur consentement, mais dans des affaires à fort retentissement, leur identité sera vite notoire. Selon Aude Dorange, juriste en droit pénal et procédures, cette loi peut faire craindre « un voyeurisme judiciaire », motif de l’interdiction en 1954.
Pour ce qui est du secret de l’enquête et de l’instruction (CPP, art 11), la loi en permettant de filmer des actes d’enquête ou d’instruction empiète sur le secret. La jurisprudence interne n’est pourtant pas favorable à une telle évolution, elle y est même hostile. La Chambre criminelle estime que la présence d’un journaliste pendant une perquisition entache l’acte de nullité (Cass. Crim., 9 janv. 2019). Le Conseil constitutionnel va dans le même sens (CC QPC Association de la presse judiciaire 2018).
Se pose aussi la question de la conventionnalité de cette dérogation au secret de l’enquête et de l’instruction. La Cour européenne des droits de l’Homme estime que la liberté de la presse (CEDH, art. 10) ne prime pas toujours sur le secret, et doit être conciliée avec le droit à un procès équitable (CEDH, art. 6) et le droit à la vie privée (CEDH, art. 8) (CEDH, arrêt Bedat c. Suisse, 29 mars 2016, n°56925/08).Elle a aussi estimé que la condamnation d’un journaliste pour recel de violation du secret ne portait pas nécessairement atteinte à la liberté de la presse (CEDH, Sellami c. France, 17 décembre 2020, n°61470/15).
Il en découle que la conformité de l’enregistrement en phase d’enquête et d’instruction à la Constitution et à la jurisprudence récente n’est plus aussi certaine.
Actualité
07/05/2025
Dans la continuité de son accompagnement pédagogique, l’Institut a pu proposer, pour la Région Normandie qui porte le Prix Liberté, des « événements votes » aux quatre coins de la Normandie, mais aussi en France et
Actualité
05/05/2025
Dans le cadre du projet européen Ecoality, de sensibilisation aux inégalités de genre et aux changements climatiques, le Programme d’éducation et de sensibilisation au développement (DEAR) lance un appel à propositions
Actualité
24/04/2025
Pour contribuer à la communication des projets menés par l’Institut, nous sommes à la recherche d’un·e chargé·e de communication en alternance. Sous la responsabilité du chargé de communication de l’Institut int
Retour sur
07/04/2025
Du 25 février au 25 mars, 15 rencontres départementales ont eu lieu sur l’ensemble du territoire normand dans le cadre du projet Ecoality.
Coup de coeur
28/03/2025
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Retour sur
27/03/2025
Mercredi 26 mars s’est tenue la 14e édition du Concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme de Toamasina à Madagascar.
Actualité
24/03/2025
Le 18 mars 2025, l’Université de Caen Normandie, la Région Normandie et l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, ont annoncé le lancement de la Chaire Normandie pour la Paix, intitulée « Mémoire et
Actualité
20/03/2025
Le Prix Liberté vise à mettre en lumière des combats menés pour défendre des libertés dans le monde. Les jeunes, grâce à leur vote, ont le pouvoir de désigner le ou la lauréate du Prix Liberté 2025 qui se verra récompen
Actualité
07/03/2025
Ce vendredi 7 mars marque le lancement d’une initiative innovante, multilatérale et importante dans la promotion des femmes en tant que forces de paix, dans la prévention des crises et des conflits et les négociations de paix
Actualité
07/03/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, l’association YES-TaFiTa et la Coopération décentralisée des Régions Normandie et Atsinanana organisent le 14e Concours lycéen de plaidoiries pour les droits
Actualité
05/03/2025
Les 23 et 30 avril 2025, l’Institut accueille la Consultation sur les droits de l’enfant dans ses locaux d’Hérouville-Saint-Clair. Une vingtaine de jeunes pourront échanger autour de la thématique du droit des
Coup de coeur
28/02/2025
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
25/02/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
25/02/2025
Le programme pédagogique Ecoality est un projet européen visant à sensibiliser les jeunes normands à l’intersectionnalité des genres et aux changements climatiques. Structuré en trois grandes étapes, ce programme perme
Actualité
21/02/2025
Du 10 au 14 février 2025, le jury international s’est réuni au Dôme et à l’Université de Caen Normandie pour étudier les 601 propositions candidates au Prix Liberté et retenir trois personnes et organisations engagé
Point de vue
12/02/2025
Dans le cadre de la semaine de jury international du Prix Liberté, Fiona Schnell, directrice générale de l’Institut, a donné un cours de droit international aux 23 jeunes réunis. Une prise de parole neutre et ouverte ayant p
Actualité
12/02/2025
Du 10 au 14 février 2025, 23 jeunes âgés de 15 à 25 ans et venus du monde entier sont réunis à Caen pour étudier collectivement l’ensemble des propositions de personnes ou d’organisations, menant un combat en faveur de l
Actualité
07/02/2025
A l’occasion de leur dernier rassemblement, les 18 et 19 janvier derniers, les jeunes du Conseil Régional des Jeunes ont pu découvrir une session de sensibilisation au programme Ecoality
Retour sur
06/02/2025
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix s’est associé à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et le Centre LGBTI de Normandie sur la demande de la Protection Judici
Actualité
05/02/2025
Parmi les temps forts du Prix Liberté 2025, le jury international de jeunes âgés de 15 à 25 ans se réunira à Caen, en Normandie, du 10 au 14 février.
Coup de coeur
27/12/2024
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
23/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
18/12/2024
Le concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme est un projet pédagogique qui permet à des jeunes de mettre en lumière et de dénoncer des cas précis de violations des droits de l’Homme à travers le monde.
Retour sur
18/12/2024
Du 12 au 14 décembre 2024, Bejaia, en Kabylie, a accueilli la seconde édition du Concours international de plaidoirie, un événement organisé et présidé par le Bâtonnier de l’Ordre régional des avocats de Bejaia, Dr
Actualité
16/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix forme les professionnels aux droits de l’Homme et aux Objectifs de développement durable pour créer des multiplicateurs, capables à leur tour de sensibiliser et
Point de vue
13/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Point de vue
11/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Cons. cont., n° 2024-1114 QPC du 29 nov. 2024, Sulliv
Point de vue
04/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Cour de cassation, Chambre criminelle, 26 novembre 202
Point de vue
03/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Conseil constitutionnel, n° 2024-1113 QPC du 22 novemb
Coup de coeur
02/12/2024
L’équipe de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a sélectionné pour vous des contenus à regarder, lire et écouter.
Point de vue
02/12/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs. Affaire : Conseil d’État, 8 novembre 2024, 487687, publié aux
Retour sur
27/11/2024
Mercredi 20 novembre, l’UFR Sciences et Techniques de l’Université de Rouen, à Saint-Etienne-du-Rouvray, accueillait les septièmes Assises de l’éducation. L’Institut y était invité pour présenter certains de ses proj
Point de vue
22/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Retour sur
21/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix co-anime depuis 2022 le Conseil Régional des Jeunes de Normandie aux côtés de la Région Normandie. Dans le cadre d’un weekend de rassemblement à Carolles, ses
Point de vue
21/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Point de vue
20/11/2024
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix et l’Université de Caen Normandie s’associent pour une série de « Points de vue » exclusifs.
Actualité
20/11/2024
Chaque année, le Défenseur des droits organise son événement de présentation et de valorisation du rapport annuel du Défenseur des droits consacré aux droits de l’enfant basé sur la consultation des enfants. Cette année
Actualité
19/11/2024
La 7ème édition du Prix Liberté est lancée, et l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix propose aux enseignants inscrits au programme pédagogique, trois niveaux distincts d’accompagnement pour mettre
Actualité
24/03/2025
On March 18, 2025, the University of Caen Normandy, the Normandy Region and the International Institute for Human Rights and Peace announced the launch of the Normandy for Peace Chair, entitled “Memory and Future of Peace: law, h